Les figaristes de la 15e Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy récupèrent de leurs 18 jours de mer et les bateaux sont en transit, en cargo, entre Gustavia et Saint-Malo, ville de départ de la prochaine course, le Tour de Bretagne à la Voile. Cette première transat en Figaro 3 s’est révélée aussi intense pour les marins que haletante pour les observateurs et l’arrivée s’est jouée dans un mouchoir de poche.
Une première traversée de l’Atlantique réussie pour les Figaro Bénéteau 3
La Transat en Double – Concarneau – Saint-Barthélemy était très attendue par les figaristes. Il s’agissait du premier objectif majeur de la saison. L’épreuve est définitivement indispensable au calendrier de la classe Figaro parce qu’elle demeure, aujourd’hui, l’unique transat à armes égales. Elle suscitait beaucoup d’interrogations sur le comportement du bateau à l’échelle d’une transatlantique. Les 3 980 milles, avalés en 18 jours pour les premiers, ont permis de valider ces différents points « Les conditions de la transat n’ont, certes, pas été extrêmes, mais elles ont été toniques. Il n’y a pas eu de casse importante, et les 18 duos en lice sont arrivés de l’autre côté sans encombre. Les écarts de vitesse entre les meilleurs bateaux semblent minimes, ce qui conforte la monotypie. Le match a été captivant avec un jeu très serré et de la bagarre en mode étape de Solitaire du Figaro jusqu’au bout, avec de vrais choix tactiques et de franches options stratégiques », se réjouit Jeanne Grégoire, Directrice du Pôle Finistère Course au Large de Port-la-Forêt.
Sportivement, le Figaro Bénéteau 3 est un bateau bien plus sollicitant physiquement et techniquement que son prédécesseur. Cela oblige les marins à adapter leur manière de naviguer, ce qui suit la tendance des IMOCA, devenus plus exigeants eux aussi. « À terre, on a pu profiter des belles vidéos envoyées par les navigateurs au passage de La Palma, les conditions étaient très musclées et on voit bien que maîtriser ce monotype de 9 m n’est pas simple ! »
Les équipages du Pôle Finistère, principaux animateurs de la course, en tête durant 15 jours
Les places ont été âprement disputées et le suspense est resté total jusque dans les dernières longueurs. Les 14 premiers duos sont arrivés en seulement sept heures après 18 jours de course. Au final, si la victoire est revenue au tandem Nils Palmieri et Julien Villion, les duos du Pôle Finistère, auteurs d’un tir groupé entre la 3e et la 7e places, se sont remarquablement illustrés, s’imposant comme les grands animateurs de course. Les duos Pierre Leboucher – Thomas Rouxel (Guyot environnement – Ruban Rose) et Tom Laperche – Loïs Berrehar (Bretagne – CMB) notamment, se sont relayés en tête de flotte durant 15 jours avant de voir leurs espoirs de victoire s’envoler aux abords de l’arc Antillais.
À moins de trois jours de l’arrivée, la météo est devenue plus favorable aux partisans d’une route plus nord. « Guyot Environnement, Bretagne CMB Performance, Région Normandie et Bretagne CMB Océane sont les quatre premiers bateaux à passer la marque obligatoire de La Palma, aux Canaries. Le choix de route pour les 10 jours de traversée de l’Atlantique est toujours compliqué, et c’est encore plus vrai lorsque l’on est en tête. On se trouve, de fait, plus exposé et on sait que les bateaux de derrière vont tenter le moindre coup pour se démarquer, sachant qu’ils ont souvent plus à gagner qu’à perdre », explique Erwan Tabarly, entraîneur du Pôle Finistère Course au Large, rappelant que les choix stratégiques reposent sur des éléments rationnels comme les données météo et les routages, sur le feeling et mais aussi sur son placement au sein de flotte au moment de la décision. « On procède à des choix en considérant ce qui semble le plus sensé à un instant T », détaille le vainqueur de la Transat en Double en 2016 qui sait toute la difficulté de gérer un changement de situation en sa défaveur, et tout le mental et l’engagement que cela demande pour poursuivre la bataille. Les huit binômes du Pôle peuvent être fiers de leur prestation.