Gaston Morvan : « La Solitaire, il va falloir aller la chercher »

Pour sa dernière année sous les couleurs du team Région Bretagne – CMB, Gaston Morvan réalise un superbe début de saison avec deux belles victoires. Il aborde ainsi La Solitaire du Figaro, en tête du championnat de France élite de Course au Large, et avec un statut de favori qu’il assume avec beaucoup d’humilité.

Comment s’est passé ce début de saison pour toi ?
 
Le début de saison s’est bien passé. Il y a eu un petit faux pas sur la première course (suite à une collision, il a été contraint à l’abandon sur la Solo Guy Cotten, NDR). Ça n’a pas été facile à gérer. Je me suis préparé tout l’hiver pour être prêt à 100 % pour la première course de la saison et c’est une déception. La Solo Guy Cotten est une étape du championnat de France, c’est à la maison et j’étais en pleine forme. J’étais troisième à la marque et là il y a le crash. Ça coupe l’herbe sous le pied. C’est un arrêt immédiat et brutal. Il fallait réagir et s’adapter. Dans ce cas, tu sens que tu as de la chance d’avoir un beau projet, avec la Région Bretagne, le Crédit Mutuel de Bretagne et le Pôle Finistère Course au Large. L’équipe a joué un rôle important.
 
A ce moment, tu as le sentiment que ta saison est ratée ?
 
A ce moment-là, le championnat de France est en jeu. Je n’ai pas le « redress* » que j’aurais voulu et devant moi, il y a tous les bons. C’est avec eux que je voulais me bagarrer et je me retrouve avec un plomb dans l’aile. On sait que le championnat de France se joue à peu de choses. C’est pour ça que j’ai tout fait pour être reclassé. Je ne trouvais pas que la décision était juste et équitable, j’ai donc monté le dossier d’appel. La procédure est un peu longue mais au final, cela m’a permis de retrouver la seconde place au classement de la Solo Guy Cotten. 
 
Tu parviens à rebondir pour la Solo Maître Coq ?
 
J’aborde la deuxième course de la saison de manière libérée. Je n’ai pas le gout de la revanche mais j’ai envie de montrer que, cette saison je suis dans le bon wagon. Je sais que j’ai la chance de retourner naviguer et c’est le bon état d’esprit.
Mon objectif de début de saison, c’était de gagner un offshore. Sur la Solo Maitre Coq, j’étais bien déterminé à remplir cet objectif. Cette victoire, elle me libère d’un poids. Ça faisait deux ans que je courrais. Je voulais montrer que j’étais capable de le faire et je sais que pour gagner La Solitaire, il faut être capable de gagner un offshore.

Tu signes un beau retour lors de la Le Havre Allmer Cup…
 
On enchaîne sur la Le Havre Allmer Cup. Tout le monde est fatigué et moi ça va bien. J’ai réussi à souffler et je suis en forme. La course ne se passe pas bien au début. J’étais en bas du classement après les premières heures de course mais sur la fin, ça se déroule en ma faveur et je double des bateaux jusqu’à gagner l’offshore. Je prends la tête du championnat de France à ce moment-là, c’est important.
 
Qu’est-ce qui te permet d’être à ce niveau cette année ?
 
C’est dur de mettre des mots. Je me sens plus en confiance et capable de faire des choses plus simplement. Je suis concentré sur ce que je fais, j’ai peu de distraction et je prends du plaisir à bord. Le bateau, je le connais par cœur, c’est aussi le temps qu’il faut pour le connaître. On a cette chance en Figaro de naviguer beaucoup. Il n’y a qu’en Figaro que l’on a autant de course. Quand tu as cet esprit de compétition, tu es conquis par cette classe.
 
Tu as le statut de favori. Comment faire avec cette étiquette ?
 
Avoir le statut de favori sur La Solitaire, ça veut tout et rien dire. C’est bien de réussir le début de saison, ça met en confiance mais remporter La Solitaire, c’est une autre mission. Bien sûr, je voulais être à cette place-là. Je travaille pour ça mais je sais que La Solitaire du Figaro, elle ne va pas tomber comme ça. Il va falloir aller la chercher et je m’attends à ce que ce soit beaucoup plus dur que jusqu’à maintenant. Je pense à Tom (Laperche), il a dominé sa saison mais il gagne La Solitaire de justesse. Il y a plein d’exemples de favoris qui sont passés à la trappe. Ce statut, il ne me dérange pas, il me va même plutôt bien. Je sais qu’il y a de l’attente et une victoire sur La Solitaire m’aiderai pour la suite pour chercher des partenaires. C’est l’année où je dois la gagner. Quitter le programme Région Bretagne – CMB en ayant gagné la Solitaire, c’est ce qui me fait rêver.
 
* Redress : compensation accordée par le jury suite à une avarie